Le savane de mon enfance
Un petit enfant de trois ans, laissé tout seul, vit dans son monde imaginaire, ne manquant jamais des choses à faire ou des amis avec lequel il peut jouer. Cette situation caractérisait mon enfance, particulièrement après le départ de mon frère aîné pour l’école. Néanmoins, parfois je ne voulais plus m’amuser de cette manière. Un désir intense pour la solitude me remplissait et je me réfugiais dans la chambre de mon frère. Là-bas, repoussé tout contre la fenêtre, se trouvait le lit grand sur lequel je m’allongeais. Celle-là position me donnait une vue imprenable qui m’ensorcelait pour des longues heures innombrables.
Le terrain plat s’étendait jusqu’une ligne invisible qui la séparait du ciel. La concession dont je parle se situait derrière notre maison. Même que ce n’était pas la nôtre, je me souviens d’avoir pensé que je ne permettrais à personne de faire rien sur “ma propriété”.
Donc j’étais enfermée dans la maison avec la bonne, et me ressentais comme une prisonnière. Je voulais être dehors avec des aigles et des gazelles, libre à prendre le frais et à sentir les rayons de soleil sur ma peau. Ne pouvant pas éviter la sensation de claustrophobie, je mettais la main sur la vitre de la Fenêtre et le chaleur me transportait en dehors.
Les bruns, jaunes et verts de la savane devenaient plus vifs et le soleil brulait avec plus de force sur les herbages qui s’étendaient pour des kilomètres. Ne me fatiguant jamais de remarquer les petits buissons ligneux, je les comptais. Ils étaient toujours plus nombreux que les acacias, qui ne manquaient jamais d’absorber plus que leur part de l’eau: la terre autour chaque acacia était toute nuée de végétation.
Eloignés de la maison, les baobabs noirs apparaissaient dans l’encadrement du bleu recémment lavé du ciel. Leurs branches s’étendaient en haut en cherchant de l’eau comme des racines. C’était pour cette raison qu’on les appelait “les arbres renversés”.
Toute cette végétation s’alternait avec quelques trainées brunes, indiquant les champs défrichés sur le canevas de jaune et vert. Ayant vu tout cela, mes yeux se fatiguaient et, petit à petit, se mettaient à s’enfermer. Mon dernier spectacle était toujours la vue d’une grande balle rougeoyante s’enfoncant au dessus de l’horizon.
First published in TakingITGlobal's Panorama Zine on 1st February, 2008.
Le terrain plat s’étendait jusqu’une ligne invisible qui la séparait du ciel. La concession dont je parle se situait derrière notre maison. Même que ce n’était pas la nôtre, je me souviens d’avoir pensé que je ne permettrais à personne de faire rien sur “ma propriété”.
Donc j’étais enfermée dans la maison avec la bonne, et me ressentais comme une prisonnière. Je voulais être dehors avec des aigles et des gazelles, libre à prendre le frais et à sentir les rayons de soleil sur ma peau. Ne pouvant pas éviter la sensation de claustrophobie, je mettais la main sur la vitre de la Fenêtre et le chaleur me transportait en dehors.
Les bruns, jaunes et verts de la savane devenaient plus vifs et le soleil brulait avec plus de force sur les herbages qui s’étendaient pour des kilomètres. Ne me fatiguant jamais de remarquer les petits buissons ligneux, je les comptais. Ils étaient toujours plus nombreux que les acacias, qui ne manquaient jamais d’absorber plus que leur part de l’eau: la terre autour chaque acacia était toute nuée de végétation.
Eloignés de la maison, les baobabs noirs apparaissaient dans l’encadrement du bleu recémment lavé du ciel. Leurs branches s’étendaient en haut en cherchant de l’eau comme des racines. C’était pour cette raison qu’on les appelait “les arbres renversés”.
Toute cette végétation s’alternait avec quelques trainées brunes, indiquant les champs défrichés sur le canevas de jaune et vert. Ayant vu tout cela, mes yeux se fatiguaient et, petit à petit, se mettaient à s’enfermer. Mon dernier spectacle était toujours la vue d’une grande balle rougeoyante s’enfoncant au dessus de l’horizon.
First published in TakingITGlobal's Panorama Zine on 1st February, 2008.
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